Arrivée en Australie quelques jours plus tôt, j'avais rendu visite à Athenaïs pour savoir comment elle allait. Les choses ne semblaient pas faciles pour elle... Sa relation avec sa sœur était désastreuse en ce moment et je ne pouvais comprendre ce qui leur était arrivé. Mes deux filles qui étaient si proches quand nous vivions encore en Russie maintenant séparées. Était-ce la civilisation occidentale qui les avait séparés ainsi ? Je ne pouvais savoir la cause exacte, mais ce fardeau me pesait.

Athenaïs m'avait donné l'adresse du gym de Leyna, où cette dernière travaillait. Je m'y étais rendue avec la voiture que j'avais loué en arrivant sur l'île, mais j'eu un doute avant de sortir. Je n'avais pas vu - ni même eu de contact - avec Leyna depuis au moins un an. Comment allait-elle réagir à ma présence ? J'espérais qu'elle n'en fasse pas tout un plat, je n'étais pas d'humeur à me battre en ce moment, je voulais tout simplement me prouver à moi-même que ma petite fille chérie n'avait pas disparu. J'entrai dans les locaux du gym et me dirigeai vers le bureau d'accueil. « Bonjour, je viens voir Leyna. Est-elle disponible ? » Athenaïs m'avait dit qu'elle travaillait aujourd'hui, c'était son horaire régulier, elle était donc certainement dans la bâtisse. « Vous aviez rendez-vous ? » me demanda la jeune femme et je soupirai... « Non, je suis sa mère. » Je vis l'expression de son visage changer et elle se leva de sa chaise en me demandant de patienter. Elle resta debout pendant quelques secondes, hésitantes, puis se dirigea finalement vers l'arrière et je la perdis de vu. Elle allait probablement demander à Leyna si celle-ci voulait bien me voir... Je pris place dans un des sièges dans la salle d'attente, impatiente d'avoir enfin des explications.

Assise dans l'un des confortables fauteuils de la salle d'attente, je patientais. Mon sac à main sur les genoux, je regardais à gauche et à droite, attendant de voir Leyna arriver. J'espérais qu'elle veuille bien me voir, même si c'était plutôt moi qui aurais facilement pu l'éviter. Je regardai quelques clients sortir du gym, certains encore rouge de l’exercice qu'ils avaient fait, d'autres souriant jusqu'aux oreilles, le massage qu'ils avaient reçu leur ayant fait un bien immense. Je songeai à la dernière fois que je m'étais fait massée sans pouvoir m'en souvenir quand j'entendis alors la voix de Leyna. Je l'entendis avant de la voir, en fait. Elle apparut ensuite devant moi et il me fit tellement plaisir de la retrouver. Malgré tout ce qui pouvait nous séparer, je me levai dans un mouvement et allai la prendre dans mes bras. Une fois que je la tenais bien contre moi, je pus enfin parler. « Leyna... » Il me faisait du bien d'avoir ma petite fille contre moi. Cela faisait un moment que je ne l'avais pas vu et j'étais pour l'instant incapable de penser à tout ce qui était arrivé dernièrement. Je voulais tout simplement retrouver mon bébé, ma petite fille toute souriante et qui venait se réconforter auprès de moi quand elle avait peur. Je déserrai mon étreinte et regardai ma fille dans les yeux. « Tu as un peu de temps pour discuter ? » demandais-je. Je ne savais pas ce qu'elle faisait, si elle était en plein milieu d'une réunion ou quoi que ce soit. Je voulais que nous prenions le temps de parler, mais cela pouvait attendre si elle était occupée. Seulement la voir m'avait déjà fait un grand bien. Après il faudrait régler quelques problèmes, mais cela viendrait plus tard.

J'avais senti la réticence de Leyna dès le départ, mais cela ne m'avait pas arrêté. J'avais besoin de me prouver que ma fille existait toujours, que je ne l'avais pas perdue. Une fois notre étreinte terminée, elle se mit à fixer le sol. Était-ce pour éviter mon regard ? Ou bien trouvait-elle cela embarrassant ? Je ne pouvais savoir exactement ce qui lui passait pas la tête, mais je trouvais dommage qu'elle n'ose me regarder en face. Toutefois, elle accepta de discuter un peu avec moi. C'était tout ce que je lui demandais pour le moment. « Je suis arrivée il y a quelques jours... » Les choses étaient très tendues entre Leyna et Athenaïs, je décidai donc de ne pas mentionner le nom de mon autre fille. Cela ne ferait que de mettre de l'huile sur le feu... « Je suis heureuse de te voir. Cela fait si longtemps... » Je ne savais pas comment Leyna allait réagir à cet aveux, mais je tenais à lui dire. Malgré tout ce qui avait pu arriver, elle restait toujours ma fille et je tenais à ce qu'elle le sache. Elle avait certainement des explications à me donner, mais elle restait ma fille. « Tu veux qu'on aille prendre un café ? » Parler en privé, sans oreilles indiscrètes serait probablement mieux qu'au centre de la salle d'attente. Et puis, Leyna avait l'air fatiguée, peut-être que sortir un peu lui ferait du bien...

Je savais très bien qu'il devait être difficile pour Leyna de s'ouvrir à moi comme ça, étant donné la longue période où l'on ne s'était vues, mais j'étais heureuse qu'elle le fasse. Cela me faisait chaud au cœur. « Je sais bien... » murmurais-je, alors que ma main monta doucement vers le visage de Leyna pour lui caresser la joue. Je lui fis un sourire puis ma main redescendit se poser sur ma cuisse. Elle accepta ensuite ma proposition de café et cela me détendit. Je la regardai partir vers son bureau et revenir quelques instants plus tard, me balançant d'un pied sur l'autre pendant son absence. Elle revint finalement assez rapidement. Je l'observai revenir et la trouvai toujours aussi belle qu'auparavant, sinon même un peu plus. Elle était une femme maintenant, même si je la voyais toujours comme ma petite fille... « C'est parfait ! » dis-je, suivant donc Leyna à l'extérieur. Le café était effectivement tout près et nous entrâmes dans l'établissement qui était presque vide à cette heure. L'heure de pointe du matin était déjà terminée et celle de l'après-midi se faisait encore attendre. Nous avions peut-être une heure avant que l'endroit ne se remplisse, si je suivais les standards new-yorkais. Je m'approchai du comptoir et commandai un latte, puis laissai Leyna commander et payai la note. Je pouvais bien lui offrir cela, non ? Un café n'était pas grand-chose, après tout... Une fois nos boissons reçues, nous nous assîmes finalement à une table un peu en retrait des autres, près de la fenêtre qui donnait dans la rue. « Alors, dis-moi... Comment vas-tu ? » C'était une question simple qui pourrait facilement commencer la discussion...